Nous avons vu dans l'article précédent que l’écriture pour soi possède cinq super-pouvoirs : clarifier nos pensées, nous aider à traverser nos émotions pénibles, nous donner une nouvelle perspective, développer notre créativité et nous permettre de mieux apprendre. Pour en savoir plus, je vous invite à aller le lire.
Ainsi, l’écriture est vraiment bénéfique pour nous
mais différents blocages peuvent se présenter à nous et nous empêcher d’en profiter : le syndrome de la page blanche, le manque de temps, le doute sur notre talent, ne pas savoir par quoi commencer, la voix critique dans notre tête, la peur d’être lu…
Ces blocages font partie du processus, nous les rencontrerons un jour ou l’autre. Et dans cet article nous allons voir comment les surmonter l’un après l’autre.
Premier blocage d'écriture : le Syndrome de la page blanche
Syndrome qui ne touche pas seulement les écrivains. C’est ce sentiment de vertige au moment d’écrire et où rien ne se présente à nous. C’est le vide. Nous n’écrivons rien. Et nous refermons notre cahier avec le sentiment d’être nulle.
Pour Anne-Marie Jobin*, auteure et artiste, le syndrome de la page blanche n’est qu’un passage à vide souvent accentué par le fait de passer sans transition d’une vie très active à se poser devant son journal, ou parce que ça fait un moment que nous n’avons pas écrit. On peut aussi craindre de n’avoir rien d’intéressant à dire ou peur de ce que nous allons écrire.
Cependant ce passage à vide peut être traversé, voici quelques pistes :
Agir rapidement Vite marquons notre page que ce soit par un mot, une forme, une couleur, des lignes, un gribouillage, ou en notant la date et le lieu où nous nous trouvons. Après cette forme d’échauffement, regardons si nous pouvons aller plus loin.
Respirer tranquillement Fermons les yeux et mettons notre attention sur notre respiration, prenons conscience de notre corps ici et maintenant. Laissons de la place à nos ressentis. Lorsque nous sentons quelque chose, écrivons-le sur notre page.
Commencer petit Par des petits pas, comme d’écrire trois lignes, au lieu de viser trop haut et trop grand et de nous sentir dès le départ disqualifié. Soyons patient et indulgent avec nous-même en progressant par petite marche l’une après l’autre.
Deuxième blocage : Le manque de temps
Un obstacle qui revient très fréquemment. En effet, notre liste de tâches est sans fin et lorsque du temps se dégage pour nous, notre tendance naturelle nous pousse à nous diriger vers des activités où nous sommes passifs comme nous n’avons plus beaucoup d’énergie en réserve.
Avec cette pratique de l’écriture, nous nous trouvons dans le cadre des choses « Non Urgentes mais Importantes » dont je vous parle dans l'article « J’ai trop de choses sur ma "to do list" et J’sais pas par quoi commencer ». Nous avons donc à prioriser ces moments et à les planifier dans notre emploi du temps pour qu’ils ne passent pas systématiquement à la trappe.
Voici des suggestions pour y parvenir :
Nous donner de la place Nous comptons aussi. Et pour reprendre une phrase chère à la fabuleuse Hélène Bonhomme dont j’apprécie beaucoup le travail : « Quand Maman va, tout va. » En me donnant de la place, je me permets d’aller bien. Et quand je vais bien le reste va beaucoup mieux également.
Définir un moment et un lieu Nous aurons plus de probabilité d’accomplir une action quand nous avons décidé quand et où nous allons la faire. Pour cela nous pouvons choisir un moment-clé dans notre journée. Cela peut être le début de la journée où nous décidons de consacrer 15 minutes à écrire. Si nous sommes toute la journée avec nos enfants, cela peut être durant nos pauses, comme la sieste des enfants. Cela peut aussi être à la fin de la journée, au moment où nous nous mettons au lit. Pour nous aider à choisir, nous pouvons lister ces différents moment-clés et définir lequel nous convient le mieux, ainsi que le lieu où nous irons pour écrire.
Changer d’environnement Si tout sous nos yeux nous rappelle notre « to do list », changeons de pièce, dans un endroit calme, et mettons-nous à écrire.
Troisième blocage : Le doute sur notre talent
Vous savez cette phrase que vous vous dites peut-être : « Je suis nulle en écriture et je ne suis pas créative. »
Rappelons-nous alors que la créativité n’est pas réservée à certains élus mais qu’elle existe sous différentes formes en chacun de nous. Oui, vous êtes créatif, oui, vous êtes créative ! Et rappelons-nous aussi que l’écriture personnelle n’a pas vocation à être belle ou même intéressante. Il s’agit d’un terrain de jeu, d’un terrain d’exploration, d’un terrain où nous pouvons être nous-même sans aucune attente de résultats ! Il ne s’agit pas du tout de performer ni de produire quoi que ce soit.
Si nous savons tenir un crayon entre nos mains alors nous sommes parés pour écrire, dessiner ou griffonner.
Laissons à nouveau de la place à l’enfant en nous. L’enfant que nous étions qui savait et aimait dessiner. Il est possible de soigner les blessures qui ont entravé notre créativité : les comparaisons avec les autres, les commentaires blessants, les méthodes d’enseignement trop rigides, les humiliations, les idées préconçues sur le talent. En renouant avec le plaisir de créer, de dessiner, d’écrire nous laissons à nouveau de la place à notre créativité. Il s’agit de s’autoriser à devenir créatif. Comme l’a dit le célèbre peintre Pablo Picasso : « Tous les enfants sont des artistes. Le problème, c’est de rester artiste, une fois adulte. » Donnons-nous la possibilité d’être un débutant, de jouer, d’apprendre et de progresser petit à petit.
Pour nous aider nous pouvons :
Imaginer que nous avons cinq ans Et allons-y mettons de la couleur, des formes, des gribouillis, des dessins et des paillettes sans nous restreindre.
Prendre des temps d’exploration libre Explorons différentes manières de nous exprimer dans notre journal. Écrire avec notre main non-dominante, faire des collages, des dessins, essayer d’autres crayons. Simplement dans le but d’explorer et de s’amuser.
Quatrième blocage : Ne pas savoir par où commencer
Ici c’est l’inverse de la page blanche. Dans ce cas nous sommes envahis par un trop-plein, par le chaos dans notre tête et nous ne savons pas par quoi commencer, ni quelle méthode utiliser.
D’après Anne-Marie Jobin ce trop-plein devant la page est fréquent et peut résulter d’une pratique pas encore établie du journal ou alors d’un manque de transition entre la vie agitée du quotidien et ce temps calme de l’écriture.
Pour nous aider nous pouvons :
Respirer tranquillement Tout comme pour la page blanche, nous pouvons prendre le temps de fermer les yeux et de respirer consciemment tranquillement. Lorsque nous nous sentons moins agitée, nous pouvons nous mettre à écrire.
Gribouiller et laisser sortir notre agitation Puis se demander : Qu’est-ce qui se passe vraiment ? Ou alors lister ce qui nous préoccupe puis choisir ce que nous souhaitons approfondir.
Cinquième blocage : La voix critique
Celle de notre Juge interne qui vient nous évaluer, nous critiquer de manière négative et ainsi nous censurer. C’est un frein énorme à l’exploration libre et spontanée. Si nous nous surprenons à trouver nos dessins nuls, nos mots sans intérêt, c’est que nous sommes en proie à notre Juge interne. Celui-ci va systématiquement nous bloquer.
Pour nous en libérer, nous pouvons :
Créer un personnage Très caricatural pour représenter ce Juge interne. Dessinons-le. Donnons-lui un nom. Décrivons-le et ce qu’il fait : sa sévérité, son intransigeance, ses exigences jamais satisfaites, ses interdits de jouer. Anne-Marie Jobin nous suggère ensuite d’arracher la page et de la placer dans une autre pièce lorsque nous écrivons, pour lui signifier qu’il n’a pas être là à ce moment-là.
Écrire les phrases négatives Celles que le Juge interne nous rabâche. Puis pour chacune créer des affirmations positives pour les contrer. Des vérités que nous pouvons relire ou redire lorsque le Juge interne refait son apparition.
Sixième blocage : La peur d’être lu
Une peur souvent mentionnée comme obstacle à l’écriture personnelle. En effet nous n’écrivons pas les mêmes choses si nous craignons d’être lu. Et il peut arriver d’avoir son intimité du journal violée par des yeux indiscrets et c’est une expérience traumatisante. Si c’est le cas pour vous, c’est normal d’avoir cette peur d’être lu. Et on peut craindre d’être lu même sans ce traumatisme.
Alors il n’existe pas de solution parfaite mais voici quelques suggestions :
Mettre vos cahiers en sécurité Quitte à encoder ou détruire certains passages. Les ranger dans un endroit hors de vue. Exiger le respect de notre intimité.
Si votre journal a été lu et que ça vous bloque Écrivez cette trahison, dessinez votre ressenti, explorez comment ça vous affecte aujourd’hui. Évaluez si votre peur a encore lieu d’être dans votre situation actuelle. Et prenez les mesures nécessaires pour protéger votre intimité.
Mettre un code Si nous écrivons notre journal de manière informatisée, il est possible de verrouiller les fichiers avec un code. Ainsi il ne devient possible de les consulter qu’avec ce code.
Voilà, à la suite de John Holt, je termine en vous disant : « Nous apprenons à faire quelque chose en le faisant. Il n’y a pas d’autre façon. »
J’espère que vous aurez trouvé des pistes pour dépasser les blocages de la page blanche, du manque de temps, du doute sur le talent, de ne pas savoir par quoi commencer, de la voix critique et de la peur d’être lu qui se dressaient peut-être devant vous et je vous souhaite une belle exploration et pratique de l’écriture personnelle, afin que vous puissiez en tirer tous les bénéfices !
Et si vous vous sentez démunie et ne parvenez pas à créer les habitudes que vous souhaitez, ou si ces blocages en ont révélé d’autres actifs dans votre vie, un coaching peut être une aide efficace pour vous aider. Contactez-moi pour que nous puissions en discuter.
*Pour aller plus loin
- Le nouveau journal créatif, d'Anne-Marie Jobin
- Libérez votre créativité, de Julia Cameron
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