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Accueillir la tristesse, Recevoir la consolation

  • Photo du rédacteur: Rachel Hemes
    Rachel Hemes
  • 23 mars
  • 8 min de lecture



Des malheurs arrivent

que ce soit des épreuves, des difficultés, des pertes, des problèmes, des maladies, de la souffrance. Fondamentalement, vivre implique de souffrir, vieillir et mourir. Ce sont les impondérables auxquels nous faisons tous face en tant qu’être humain. Ça fait partie de la vie. Mais cela n’en est qu’une partie. Car heureusement les belles choses, l’amour, le bonheur, la joie font aussi partie de la vie. Vivre c’est aussi aimer, être aimé, c’est beau et c’est une chance.


Tout ceci ce n’est pas une balance qui s’annule

Malheur vs. Joie. C’est simplement la vie avec des joies et des souffrances qui se heurtent et se succèdent sans cesse.


Ainsi les joies, le bonheur, les consolations n’annulent pas nos souffrances, mais peuvent les alléger et nous aident assurément à vivre.

Comme souvent l’envie de vous parler de ce sujet a surgi de mes interrogations. Face à des gros malheurs, la perte d’un enfant, une maladie grave, quelle attitude soutenante adopter ? Bien souvent je me retrouve profondément touchée émotionnellement, bien intentionnée mais maladroite. Ne sachant pas vraiment quoi faire, quoi dire. J’avais envie d’apprendre ce qui aide dans ces moments-là.


J’avais acheté des livres pour ça. Et un livre en particulier était resté dans mon armoire. Non lu. Et pour ma part ce n’est souvent pas pour rien que je choisis tel ou tel livre, à tel moment de ma vie.


Bref, j’ai repris ce livre sur les consolations au moment où j’en avais besoin personnellement. Ce qui était parti d’un intérêt pour être une aide pour autrui, c’est avéré une aide pour mes défis personnels.


Je n’ai pas fait face à un gros malheur. Par contre j’ai vécu des mois de déséquilibre où la tristesse a pris une grande place. J’ai eu besoin d’espace, ce qui a mené entre autres à la pause de ce blog. Durant ce temps il y a eu une part d’action : j’ai questionné ce que je vivais, identifié ce qui n’allait pas et me suis mise en action pour y remédier. Et il y a aussi eu une part de consolation.


Comme il y a de la matière, je vais aborder ce thème en deux volets. Dans cet article, nous verrons comment recevoir la consolation dont nous avons besoin. Et dans le prochain, nous verrons comment donner la consolation autour de nous.


Ce que je vous transmets ici provient de mon expérience et du très bon livre « Consolations » du médecin psychiatre Christophe André, que je vous invite d’ailleurs à lire si vous souhaitez en savoir davantage. Je vais vous en partager ce que j’en retiens de plus saillant.


La souffrance, l’adversité, le chagrin nous isole

et nous coupe du monde, des autres et de nous-même. Car personne ne peut souffrir, vieillir, mourir à notre place. Ce qui nous console, c’est la remise en lien, la réconciliation avec la vie, les autres, et soi.


Ce que j’ai constaté, et cela est vrai en tout cas pour moi-même, c’est que la tristesse n’a pas bonne presse. Très vite on désire la cacher. Si ça nous arrive de pleurer avec une présence amie, nous allons souvent nous excuser de pleurer. Comme si cela n’avait pas sa place, comme si on ne devrait pas la montrer, comme si c’était honteux. On se juge soi-même de pleurer sous le regard de quelqu’un.


Première étape : S’autoriser à ressentir et exprimer notre tristesse

Au lieu de la combattre par une « positive attitude », de faire comme si elle n’était pas là ou de la déguiser en colère. Une émotion est une messagère, elle a un message à nous délivrer, et elle est une énergie dans notre corps. La tristesse nous appelle à lâcher quelque chose, à pleurer une perte quelle qu’elle soit. Elle nous ralentit et nous invite à nous arrêter un moment.


Je pense qu’une des raisons qui nous retient de la laisser s’exprimer, c’est la crainte d’être submergée par elle. Comme si elle allait nous engloutir. Et même si nous pouvons avoir cette sensation, elle n’est que passagère. De mon expérience je sais que la tristesse exprimée est le prélude pour un renouveau. Même si souvent je l’oublie sur le moment. Et parfois oui, la tristesse peut durer très longtemps, cela dépend évidemment quelle perte et quelle souffrance nous traversons. Face à de gros malheurs, certaines tristesses ne passent même jamais totalement.


Deuxième étape : La consolation

Une fois que nous nous sommes autorisés à ressentir et à exprimer notre tristesse il viendra un temps pour une prochaine étape, celle de la consolation. La consolation peut intervenir très rapidement, à l’image d’un enfant consolé d’une égratignure au genou qui retourne jouer illico-presto, ou elle peut mettre plus de temps à se frayer un chemin selon ce que nous traversons.


La consolation est comme un don et la recevoir est un acte d’autobienveillance.

Et accepter d’être consolé, c’est accepter d’être faible, d’être aidé et de recevoir. Cela a un lien avec l’humilité.


A noter que ce besoin d’être consolé n’est pas pareil au besoin d’être plaint. Dans la plainte on ne veut pas être consolé, mais être remarqué voire admiré. On ne tire aucun prestige quand on a besoin d’être consolé.


Pour être consolé, il s’agit de se détacher de soi pour aller vers autre chose que la souffrance. Il s’agit d’ouvrir son regard et de voir le monde tout entier : pas seulement ses laideurs et ses douleurs, mais aussi ses beautés et ses bontés.


Les chemins de la consolation

sont nombreux, nous en explorerons cinq en dehors de la consolation qui peut intervenir au travers des mots ou gestes d’une personne. Chacun de ces chemins a contribué à de la consolation dans ma vie. Mais rappelons-nous, nous seuls pouvons nous y engager : personne ne peut y aller à notre place.


1) La nature

La nature est souvent une source immense de réconfort. Plusieurs études montrent à quel point la nature est bénéfique à la santé de l’être humain. Et elle aussi consolante. Avec douceur, elle élargit notre attention à autre chose que notre douleur, elle nous offre un sentiment d’appartenance à plus grand que nous, elle nous expose à une beauté simple.


La nature nous parle par ses variations longues, par son rythme tranquille tout en étant changeant. Observer la nature apaise et captive. Je l’ai remarqué face au roulis incessant des vagues sur la plage, aux nuages suspendus dans le ciel, aux plantes qui grandissent et s'épanouissent, la faune qui s’affaire tranquillement.


S’arrêter et prendre le temps d’observer, c’est un temps de suspension face à la peine ou aux pensées sombres qui nous assaillent. Avec les mots de Christophe André : "Le spectacle de toute vie fait renaître un peu de vie en nous."


2) L’action et le divertissement

La souffrance nous fige, nous immobilise, nous replie sur nous-même. Et ces comportements de repli et d’immobilité aggravent nos ressentis douloureux. D’où le réconfort apporté par le mouvement et l’action.


L’action et le divertissement réorientent notre attention vers une occupation extérieure. Ils sont comme un médicament antidouleur, qui ne résout rien mais qui diminue la douleur. L’action et le divertissement nous soulagent dans un premier temps.


Dans un deuxième temps, ils peuvent aussi nous consoler, par leur remise en lien avec autrui dans une action partagée, avec le monde et avec soi en nous sentant capable d’agir. Il s’agit bien sûr de bien doser, pour ne pas tomber dans l’écueil de l’action qui devient une drogue.


Une action toute simple et réconfortante, c’est la marche. On revient au primitif, à l’essentiel, à l’instant présent. On avance au lieu d’être immobile. Les pas qui s’enchaînent apaisent les émotions et nous font sortir au dehors.


3) L’art

L’art c’est l’ensemble des créations humaines qui visent à provoquer une émotion chez autrui. Et si possible une émotion qui modifie notre vision du monde. Les fonctions de l’art sont de nous redonner espoir, de rendre digne la souffrance et d’élargir notre vision du monde.


L’art peut d’abord nous consoler en captant notre attention et en la détournant un moment de nos ruminations. L’art peut ensuite nous faire éprouver des émotions agréables. L’art peut aussi nous consoler en nous décentrant de nous-même en nous mettant en lien avec d’autres humains ayant aussi souffert.


Cet art qui nous rejoint cela peut être des œuvres artistiques comme des sculptures ou des tableaux, mais aussi des livres, des poèmes, et la musique bien sûr.


En parlant de musique, Christophe André mentionne la nostalgie comme étant une émotion qui nous remet en lien avec soi et avec son passé. Émotion donc à ne pas éviter mais qui nous permet de tisser du lien dans notre propre histoire.


L’art qui console c’est aussi celui que nous pratiquons nous-même : la musique, le dessin par exemple ou l’écriture. Je vous en ai d’ailleurs déjà parlé dans « Les bienfaits du journaling » et dans « Les 5 supers-pouvoirs de l’écriture ». L’écriture nous permet de descendre au fond de notre peine avant de remonter et de nous en extraire. Elle met de la clarté, du net, du sens, là où le flou fait beaucoup de dégâts dans notre esprit.


4) La méditation

Méditation au sens d’attention pleine et entière à l’instant qui se vit ici et maintenant. Attention à notre respiration pendant quelques cycles d’inspiration-expiration. Attention à ce que nous sommes en train de manger ou de boire. Attention à ce que nous sommes en train d’observer ou d’écouter.


On se distancie un instant de nos pensées pour être juste là. La méditation nous console car elle nous permet d’aborder notre souffrance, on la nettoie des pensées qui la complique et la gangrène encore plus. C’est une gymnastique de l’esprit où on s’entraîne à élargir notre regard sur la vie. Ce n’est pas une fuite car ensuite, bien sûr, on revient dans la vie tourbillonnante, mais on emporte avec soi cet espace de calme, de force, de créativité et de flexibilité.


5) La foi

Si vous êtes croyants cela vous paraîtra évident, la foi nous console, en tout cas celle que je connais avec le Dieu de la Bible. Cette foi que Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, ni l’expliquer, mais la remplir de sa présence, pour paraphraser Paul Claudel.


La foi nous console et nous soutient par ce lien avec Dieu, par l’espérance donnée, par le lien et le soutien de la communauté, par les pratiques de la prière, de la méditation, du chant.


En résumé,

comme nous le dit Christophe André :

« Permettre la tristesse et chercher à l’adoucir (par des émotions douces et non amères), c’est le mélange consolateur par excellence. »

Autorisons-nous à ressentir la tristesse, à l’exprimer et à laisser la place à la consolation de venir nous trouver que cela soit au travers d’une autre personne, de la nature, de l’action et du divertissement, de l’art, de la méditation, de la foi.


La consolation c’est en fait une des manifestations de l’amour. En acceptant d’être consolé, on accepte d’être aimé. Et donner de la consolation à autrui, les consoler, c’est les aimer. Et c’est ce que nous aborderons dans le prochain article.


Merci de m’avoir lue jusqu’au bout, et si cet article vous a plu, une manière de me remercier c’est de le partager à une personne de votre connaissance.



 

Pour aller plus loin

- Consolations, Celles que l'on reçoit et celles que l'on donne, de Christophe André


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